Hallo 😅,
À partir d’aujourd’hui, j’enverrai ma newsletter tous les vendredis matin à 9h. Je vais profiter des autres jours de la semaine pour réaliser des vidéos Tiktok et Instagram afin de faire connaître ma newsletter à un public plus large.
N’oublie pas que le meilleur moyen de soutenir mon projet d’écriture et de le partager avec ton entourage (et de me laisser un like 💚).
Mise en garde : je romance mon histoire. Je me la raconte en amplifiant mes ressentis. Il en résulte une déformation de la réalité et des personnages qui y concourent pour mieux retranscrire ma perception du réel.
🪫Juste avec 10% de batterie sur l’ordi et un p‘tit peu plus sur mon téléphone-en-partage-de-connexion, je ne suis pas sûre de tenir encore longtemps dans ce café bondé d’autrichiens. Le soudain désoeuvrement digital par rade de charge me forcerait à souhaiter une bonne fête de la neutralité nationale aux personnes de la table voisine. Je crains le pire quand je m’ennuie même si, pour être tout à fait honnête, je n'oserai jamais parler à des inconnus dans un café.
😰 Mon mec devrait adopter un peu de la neutralité autrichienne au lieu d’angoisser sur la prophétie du craquage sociétal à laquelle d’après des dires scientifiques, on ne pourra plus échapper. Depuis que je suis à Vienne, il m’appelle tous les soirs pour me rappeler que l’effondrement est imminent, qu’en dix ans, il n’y aura plus de gaz et d’électricité dans les foyers, qu’il faudrait avoir un jardin si on veut faire face à la pénurie, que l’eau va manquer dès cet été, que d’ici 2200, il n’y aura peut-être plus d’espèce humaine, que l’inflation bouffe l’épargne, que la récession est…
🏴☠️ Au bout de dix minutes d’un monologue catastrophé, il me demande si j’ai bien vu sa dernière publication Facebook sur je ne sais plus quel gars expert analyste sur la fin de notre civilisation. Euh…, non, je ne suis plus sur Facebook depuis trois ans et je ne compte pas y retourner pour sauver la planète !
👛 Son prosélytisme eco-anxiolytique m’agace tout autant que son militantisme tarte à la crème – expression qu’il emploie souvent pour qualifier la banalité de certaines situations. S’il veut vraiment sauver la planète qu’il aille porter plainte autre part. Mon guichet déborde actuellement de problématiques personnelles et financières. D’ailleurs, je ne lui raccroche pas au nez pour éviter mon effondrement économique avant l’heure. Depuis que j’ai bazardé ma carrière dans le yoga sans aucune perspective autre que devenir écrivaine à mi-temps, le mec assure mes arrières. J’ai du entreposé mon statut de femme libre et indépendante pour entamer en pionnière et sans aucune fierté, la belle période de récession qui vous attend.
⏳ Je suis fauchée. Le peu que j’arrive à amasser ne suffit pas à payer mes dépenses de base. Les dettes creusent leur lit en recouvrant toute perspective d’épargne. Peut-être que c’est vrai que pour se débarrasser de la pauvreté, il faut patienter 180 ans, l’équivalent de six générations. Or il n’y a plus de temps vu qu’il y aura l'effondrement avant !
🙀 Il ne reste plus que 1% de batterie sur mon téléphone. Ma pote Dali ne devrait pas tarder. En attendant, je réfléchis à mes options. Je n’ai plus le cœur d’accepter des taffs à la con pour un salaire tout aussi moisi. Ça se voit, je ne souris plus qu’à moitié lors des entretiens. À part un revenu décent, seul le fait de rencontrer des gens me motive à travailler. Je n’en peux plus de passer mes journées à blablater avec des chats. J’ai besoin d’échanger avec des humains mais en dehors du travail, je n’arrive pas à créer des liens. Quand je suis entourée d'inconnus lors d’un événement social, je sombre derrière une paroi de cristal. Je m’éloigne petit à petit avant que le vertige ne m'empêche de rejoindre mon vélo. Sur la route, je décompresse. La prochaine fois, promis Cata, j’irai parler à quelqu’un.
☕️ Dali arrive enfin à notre rendez-vous quotidien de bavardages pré-apocalyptiques autour d’un cappu oat milk. Elle me dit qu’elle voudrait juste être prévenue quelques minutes avant la fin du monde pour reprendre la cigarette et fumer sa dernière clope. Je lui dis que j’aimerais recoucher une dernière fois avec mon ex catalan. On sait d’avance que l’effondrement nous écrasera bien avant d’accomplir nos derniers vœux. Elle se retourne pour découvrir le gars que je fixe derrière elle depuis un moment. Elle me propose 5 euros pour que j’aille lui parler. Il est mignon. Je suis en couple. Il n’y a pas d’enjeux. Son offre monte très vite à 30 euros. Je n’arrive pas malgré le fait que ces trente balles paieraient mon trajet retour Vienne-Stuttgart en blablacar. C’est maladif, j’ai le trac d’approcher des inconnus.
📈 Ce soir, je vais dormir chez elle. Je profiterai pour gratter mon seul repas de la journée, me laver avec de l’eau chaude et me réchauffer. Je ne sais pas si la crise me poursuit ou si je l’attire. Je crois que ce sont des choix économiques et politiques à plus grande échelle plutôt que des lois ésotériques qui affectent depuis toujours ma destinée.
😓 Des coupures de gaz et d’électricité, j’en ai vécu bien avant la guerre ukrainienne. Dès mes neufs ans, j’ai été régulièrement convoquée à des réunions familiales pour décider de notre sort énergétique. Aux référendums, il fallait choisir si c’était préférable de régler la facture d’électricité, d’eau ou de gaz pour éviter la coupure. Il n’était plus question de celle du téléphone puisqu’en raison des impayés, on n’avait de toute façon plus de ligne à la maison. Ce fut le début de ma tendance à l'éloignement puisqu’à l’époque, s’appeler le soir en rentrant de l’école était un acte de cohésion sociale assez fort. Les premières amourettes en découlaient par exemple.
🕯 J’ai toujours voté pour l’électricité. Je ne supportais pas de prendre des douches froides ni de faire mes devoirs à la lueur d’une bougie incrustée dans une bouteille de coca. Pour ma mère, il n’était jamais question de payer l’électricité. D’après son expérience, il valait mieux avoir de l’eau pour cuisiner et du gaz pour chauffer la marmite.
🤕 Cela fait six jours que je subis une coupure de gaz à Vienne. La posture des propriétaires autrichiens de l’immeuble, fidèles à la neutralité revendiquée par leur pays, ne fait pas avancer les choses. Pour l’instant, je n'ai pas croisé le moindre réparateur alors que six familles dépendent du gaz de cet immeuble pour faire à manger et se chauffer. Je repense avec nostalgie à la politique énergétique menée unilatéralement par ma mère. Peut-être, quand le chauffage n’en dépend pas, l'électricité ne fait que combler les espaces vides de nos existences avec des nouvelles anxiogènes sur l’avenir.
🚇 Demain, quand j’irai récupérer mon mec à la gare, je lui suggérerai de s’abstenir d'électricité et de portable pendant son séjour à Vienne.
Je te remercie de m’avoir lu jusqu’au bout 🤗
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Bis bald 😚,
Cata
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La série qui m’a inspiré cette semaine
🎞 Fleabag de Phoebe Waller-Bridge (sur Amazon Prime)