Ce texte est entièrement vrai. Sauf les parties qui sont complément inventées.
Il ne fait jamais assez bon pour écrire au point que je préfère papillonner sur des sites d’emploi entre deux épisodes Netflix. J’aime pas ça, le travail. Enfin, c’est pas vrai. J’aime trimer mais à ma manière. C’est-à-dire ? Peu d’heures, bonne ambiance, excellent salaire. Aucune offre ne répond à mes critères alors je laisse le Chat GPT s’occuper des candidatures.
Je songe à enseigner à nouveau le yoga. Mais cette fois-ci en jogging. Sans mantras ni prétendue élévation spirituelle. Il n’en resterait plus que les étirements et le plaisir de commander un groupe qui n’a aucune disposition corporelle pour devenir gymnaste. Juste des pratiquants lambdas, nourris de prouesses acrobatiques sur Insta, prêts à débourser une bonne somme d’argent pour mes cours. Il me suffirait d’une bonne com’ pour les convertir et de peu de temps pour les décevoir puisque des pirouettes, je ne sais pas faire. Mon bassin résiste de tout son poids au moindre retournement. À en croire que j’emmagasine par grappes les émois de plusieurs vies. Belle justification à ma flemmardise quand il s’agit de bosser des postures exigeantes. Avec le calibre de mes hanches, je devrais plutôt me tourner vers le twerking et en faire une secte dans laquelle l’état de pure conscience ne s’obtiendrait qu’en gigotant les fesses et les hanches sans aucune retenue. Alors que je commence à dessiner un super début de guru-plan capable d’attirer des masses à la recherche de réponses existentielles, je reçois un SMS pour informer que France Travail vient d’abattre Pôle Emploi. Fini la glandouille, bonjour le travail ! Surtout que vous avez un trop-perçu à combler !
Je gobe ma tisane d’un trait. Aucune formation en ligne n’apprend à colmater les trous d’un CV atypiquement chaotique. Ça va être compliqué d’affronter le marché du travail à moins de me réinventer génie, devenir une arnaqueuse de taille et finir sur Netflix. J’ouvre un nouveau doc sur le drive pour claviertonner1 une ébauche de mon arnaqueuseplan. Ce qui s’ensuit est un récit. Comme quoi il n’faisait pas si moche que ça pour écrire aujourd’hui malgré l’accrue de précarité, qui on le sait bien, anéantit l’élan créatif.
Il était une fois ou pas — certainement pas — une crétine de femme ingouvernable qui ne devrait jamais subsister. Une force implacable, acolyte politico-machiste de la main invisible viendrait tôt ou tard la museler avant de la terrasser.
Elle n’a jamais eu de modèle. La survie a rongé le peu de talent qu’elle avait déniché dans sa famille, une bande de fauchés. Leur talent à eux, c'est de croire qu’une prière au petit jésus les sauvera de la violence et de l'injustice. Résultat, ils ont tous fini alcoolos dans un village où il fait bon vivre entre deux fusillades.
Bogotá, le soir. Elle en garde peu de souvenirs. Toujours marcher vite. Vision panoramique. Un coup de poignard dans l’dos pour lui piquer son nokia pourrait achever à tout moment son rêve de s’envoler ailleurs, loin de cette patrie d'illettrés. Elle court même si c’est déconseillé. Face au danger, il faut toujours feindre la contenance.
Elle a réussi à quitter son pays assez jeune. Elle espérait trouver mieux ailleurs mais après vingt ans de galère, elle regrette une vie au village près des siens, à parler sa langue. Elle voudrait être cette mère au foyer, épaisse, qui nourrit un mari macho de compliments et de fritures.
Depuis qu’elle a reçu un dernier courriel avant la mise en demeure pour trop-perçu, elle envisage de retourner dans son pays les poches vides et des regrets plein le cœur. Elle se donne tout de même une dernière chance. Elle s’avance face caméra pour lâcher quelques drôleries mal articulées. La gêne fait rire les quelques spectateurs sur les réseaux.
L’écran de mon tel s’allume.
Je réponds en espérant que ce soit Netflix ou Arte qui cherche à m’embaucher. C’est France Travail qui veut s’assurer que je cherche bien du TRAVAIL. S’ils continuent à m’interrompre, je ne pourrai pas finir la description du personnage principal ni planter le décor pour raconter son histoire.
L’écriture sera ma rédemption.
To be continued.
Quelques passe-temps et inspirations
En français,
Un livre
Je suis une file sans histoire de Alice Zeniter
C’est un livre qui parle de la façon dont les histoires sont conçues. Pour les personnes qui souhaitent écrire, ce livre apporte un nouveau regard au schéma narratif et actanciel et donne vraiment envie de tester d'autres formes de récits qui incluent plus de femmes et moins de violence. C’est un livre facile à lire. Il s’agit presque d’une conversation. Je vais le relire car dans sa simplicité, il cache à mon avis des trésors.
En anglais,
Podcast
You only lives once by The Hapiness Lab with Dr Laurie Santos.
Même si je ne suis pas adepte de la psychologie positive, je trouve cet épisode de Happiness Lab très pertinent. Elle retrace l’histoire du concept Y.O.L.O (you only live once) et explique sa vraie signification. Loin du hashtag tendance qui inciterait à profiter de toutes les opportunités et de laisser toujours les portes bien ouvertes, Y.O.L.O cherche au contraire à nous pousser à l’engagement et à l’implication dans le temps sur un projet donné.
Cet épisode m’a inspiré à vraiment m’accrocher à l’écriture, car souvent, je m’entends dire “cela ne sert à rien d’écrire”. Or passer des heures à écrire, c’est ce que j’aime le plus faire. J’essaie de ne plus penser au résultat et de chercher à m’éclater en créant divers contenus. Je ne veux plus me mettre des barrières dans l’exploration de l’écriture.
En espagnol,
Une chanson
Que me coma el tigre
Après avoir regardé un film, une série ou lu un livre, je vais checker la playlist sur Spotify. Même si je n’ai pas apprécié la production, souvent je dégote des bonnes chansons. C’est le cas par exemple pour la série Berlin sur Netflix, qui ne mérite pas le détour, mais que j’ai visionné intégralement (en plus, je suis sûre que je verrai la suite s’il en a une. Ma vie n’est que paradoxe…). Bref, j’ai redécouvert cette chanson qui me remonte le moral, qui me donne envie de danser et qui me fait voyager en Colombie.
Cette chanson a été composée par un chauffeur de taxi colombien à Barranquilla en 1968 lorsque le propriétaire de son taxi le menace de lui ôter le véhicule (donc son unique source de revenu) s’il ne paye pas le lendemain le quota de location. Face à cette injustice, il part en marmonant “ese cachaco lo que quiere es que me coma el tigre”. Je vous laisse le lien de l’article en espagnol qui parle de l'histoire de la chanson. 👉 Clique ici
Cette chanson me donne vraiment envie de me reconvertir en chauffeuse de taxi-écrivaine en Colombie. Je vous ai parlé de cette lubie lors de ma dernière newsletter. 👉 Clique ici pour la relire.
Cette idée de reconversion me fait penser aussi à la série documentaire dans laquelle Martin Scorsese interviewe Fran Lebowitz car à son arrivée à New York, elle a conduit un taxi pour gagner sa vie.
En anglais,
Une série documentaire
Pretend it’s a city
De cette série, j’ai aimé la désinvolture de Fran Lebowitz et sa manière d’appréhender New York.
C’est le visionnage de cette série qui m’a donné envie de passer quelques mois à NY. J’espère le faire en pas longtemps.
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À vendredi prochain.
😘
Cata
Claviertonner : Griffonner avec le clavier