Ce texte est entiÚrement vrai. Sauf les parties qui sont totalement inventées.
đ Ăa dĂ©file non-stop en boutique depuis que la magie sâest emparĂ©e de la ville. Lâodeur du vin chaud se mĂ©lange Ă celle des marrons grillĂ©s devant les cabanons remplis de bibelots et autres mochetĂ©s Ă offrir Ă NoĂ«l. La foule Ă©bahie par les lumiĂšres des lustres Baccarat et la dĂ©co des façades garnies d'Ă©normes nounours ne sait plus quoi photographier. Notre-dame de Strasbourg nâest plus le centre dâattention des passants puisquâun vieux sapin arrachĂ© aux Vosges sâĂ©rige au milieu du centre-ville. Je confirme. La magie est bien lĂ pour gĂ©nĂ©rer du cash. La foule y croit.Â
đ Je vends des macarons colorĂ©s toute la journĂ©e. Les touristes en raffolent. Chinois, AmĂ©ricains, Italiens⊠Tous veulent savoir mon parfum prĂ©fĂ©rĂ© pour faire leur choix. Aucun. Jâaime pas les macarons. Je rĂ©ponds cependant un parfum au pif pour faire dĂ©grossir la queue des clients du magasin.Â
đ Jâai du mal Ă comprendre l'engouement pour ce pĂšlerinage commercial. Je regarde Ă travers la vitrine en espĂ©rant trouver un dĂ©but de rĂ©ponse. Rien. Du bruit, la foule et des paquets truffĂ©s de cadeaux. Ăa doit ĂȘtre le fait dâoffrir et de recevoir qui les rend heureux. Ceux qui achĂštent des chocolats et des macarons, câest parce quâils nâont pas trouvĂ© mieux pour faire plaisir aux beaux-parents ou Ă des gens quâils connaissent Ă peine.Â
đ©đ»âđ» Je nâarrive plus Ă m'Ă©merveiller. Faire des cadeaux, câest une vraie corvĂ©e. Manger en famille, une maussaderie. Je prĂ©fĂ©rais rester devant Netflix Ă mater les histoires de la famille royale Anglaise. Autre phĂ©nomĂšne qui mâĂ©chappe et mâintrigue tout autant que NoĂ«l.Â
đ đ» Jâai jamais cru au pĂšre NoĂ«l car peu d'indices le font coller au cadre colombien. Ă part la bidoche de buveur de biĂšre, rien d'autre ne rendait son passage probable chez nous. Mon frĂšre, incrĂ©dule, menait de son cĂŽtĂ© une fouille des armoires de la maison quelques jours avant le rĂ©veillon. Il comprit trĂšs vite que les cadeaux Ă©taient disposĂ©s par la femme de mĂ©nage et non pas par le vieux en traĂźneau. Le dĂ©cor hyper chargĂ© rendait inconsistant le mythe : le sapin, la crĂšche, les rennes, la messe Ă minuit, les rengaines⊠Rien ne pouvait nous convaincre Ă cent pour cent. Mais nous avons fait semblant dây croire jusquâĂ la sĂ©paration de mes parents. AprĂšs ça, NoĂ«l nâa plus Ă©tĂ© une fondue entre cousins, mais un maigre repas avec une mĂšre extĂ©nuĂ©e par le travail quâimplique dâĂ©lever toute seule trois enfants. Pour ce premier rĂ©veillon de lâaprĂšs, elle nous a offert un petit paquet de quatre gĂąteaux Ă la figue puis nous a dit : âNoĂ«l, ce ne sont pas les cadeaux ! Câest se soutenir en familleâ. Tu lâas bien compris, le macaron Ă la figue ne sort jamais en prĂ©fĂ©rĂ©.Â
âœïž Whoâs next ? Un duo de Chinoises qui passe un quart dâheure pour choisir trois macarons. Je mâimpatiente surtout que ma collĂšgue me lessive avec sa playlist de NoĂ«l depuis lâouverture. Jâai envie de fracasser les enceintes, hors du magasin, contre les musiciens de rue. Leur vacarme vient se joindre au braillement de la Mariah Carey. Je pars en arriĂšre-boutique buvoter du vin chaud. Si cette fĂȘte nâavait lieu que tous les quatre ans comme la coupe du monde, je pourrais mieux la supporter. Je serai mĂȘme un peu fan, malgrĂ© moi. Je suivrai de loin les confrontations. Je pourrais passer une ou deux soirĂ©es entre amis pour discuter des rĂ©sultats. Jâaurais certainement du mal Ă avouer que je suis tombĂ©e dans le piĂšge dâun Ă©vĂ©nement commercial meurtrier⊠Mais je serais heureuse de partager un temps de dĂ©tente totale avec eux. Regarder des mecs taper dans un ballon nâa rien dâexceptionnel mais cela gĂ©nĂšre des Ă©motions fortes auxquelles je suis sensible⊠Et les investisseurs lâont bien compris. Encore une histoire de magie Ă gĂ©nĂ©rer du fric. La foule sây retrouve. Le boycottage s'essouffle.Â
đ Whoâs next ?
Je te remercie dâavoir lu mon texte â€ïž
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Bon week-end đ
Cata