Ce texte est entiÚrement vrai. Sauf les parties qui sont totalement inventées.
â° DĂšs que jâouvre les yeux, je prends mon portable pour Ă©diter des vidĂ©os ou scroller sur les rĂ©seaux. Je nâai plus rien Ă faire des morning routines qui garantissent sĂ©rĂ©nitĂ© et crĂ©ativitĂ©. Je prĂ©fĂšre boire un cafĂ© en matant des reels dĂ©biles sur Insta que de mâinfliger une sĂ©ance de mĂ©ditation, de yoga ou de muscu en sortant de la couette. Depuis que jâai renoncĂ© au blason dorĂ© de prof de yoga en quĂȘte dâillumination, je ne culpabilise plus sur mes dĂ©boires du matin. Plus personne ne fantasme sur mon Ă©quilibre de vie ni attend que je fasse des prouesses sur un tapis.
đź Je suis redevenue une meuf quelconque sans quĂȘte particuliĂšre. Mon mec qui Ă©tait tombĂ© sur le charme de la prof de yoga, a dĂ» se fabriquer une nouvelle raison pour justifier lâattachement Ă une nana ordinaire. Ne lui restant plus que mes origines, il sâest dit ĂȘtre envoĂ»tĂ© par mon exotisme le temps de me retrouver un statut social digne. Il croit naĂŻvement quâun jour jâarrĂȘterai de lĂącher mes projets Ă mi-chemin pour mener Ă bien une carriĂšre. Il nâa pas encore compris que je suis accro Ă lâadrĂ©naline de tout foutre en lâair dâun revers de main. Je ne suis pas une enthousiaste par intermittence mais une adepte du vide. Â
đ„± Toujours affalĂ©e sur mon lit, jâentends mon mec passer lâaspirateur entre deux sĂ©ries de pompes. Il ne suffit pas de naĂźtre dans une bonne famille, il faut continuer Ă muscler son potentiel. Je mâenfonce sous la couette avec Mme ChĂątaigne en attendant quâil aille sous la douche. Avant mon premier cafĂ© du matin, jâĂ©vite le regard dĂ©sapprobateur de la rĂ©ussite sociale.
đł Je grimpe sur mon vĂ©lo, grille les feux et roule en contresens pour arriver Ă lâheure en boutique. Je profite des privilĂšges de vivre dans un pays oĂč les rĂšgles ne sont lĂ que pour les enfreindre et non pas pour les honorer comme en Autriche. DeuxiĂšme cafĂ© du matin avec ma bosse, ma pote, la seule qui a osĂ© mâembaucher malgrĂ© mon inconsistance existentielle. Jâai fini vendeuse comme ma mĂšre et mes frĂšres alors que je mâimaginais actrice de sĂ©rie espagnole, Ă jouer des perso fĂ©ministes, bien zappĂ©es et insolentes. Je voulais feindre dâautres vies pour nâassister Ă la mienne que par intervalles.Â
đ„¶ Lâhiver, je nâai pas trouvĂ© dâautres moyens que de rentrer Ă vĂ©lo le son Ă fond sur les Ă©couteurs. Je mâĂ©chappe ainsi de la rĂ©alitĂ© sans passer de casting ou faire le moindre cours de thĂ©Ăątre. Le froid glacial anesthĂ©sie mon corps. La musique rend la scĂšne cinĂ©matographique. Lâalcool me transcende. Je gare le vĂ©lo dans la cour intĂ©rieure de notre immeuble et pars me balader dans les bois. Non, je nâai pas peur. Jâai grandi Ă Bogota oĂč jamais tu ne rentres seule Ă vĂ©lo le soir un peu bourrĂ©e. Je marche sans lumiĂšre la musique toujours sur les oreilles. Jâaimerais continuer la fĂȘte ailleurs mais nous sommes mercredi soir. Demain ça travaille. Si la vie nâest que ça alors il faudrait que je me trouve un vrai taf, que jâarrĂȘte dâĂ©crire et que jâoublie toutes ses vies parallĂšles que je ne vais jamais menerâŠ
â° Jâouvre les yeux. Jâentends lâaspirateur. Tout va bien, je nâai pas la gueule de bois. Je vais attendre quâil aille sous la douche, jâai pas envie de lui raconter ma soirĂ©e oĂč rien ne sâest passĂ©. Je chope mon tĂ©lĂ©phone pour chercher un cours de thĂ©ĂątreâŠÂ
âł Punaise ! Je commençais Ă et quartâŠ. Je vais ĂȘtre en retard pour mâenfiler les chocolats. Â
Je te remercie dâavoir lu mon texte â€ïž
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Bon week-end đ
Cata