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đ”âđ« Je ne supportais plus dâĂȘtre Ă Strasbourg Ă envoyer des CV dans le vent. Il me fallait de lâaction. Un changement de cadre. Quelque chose de radicalement diffĂ©rent. Sur un coup de vent, je suis partie dans le Tyrol faire mes preuves en cuisine.
đ„ Je fuis la restauration depuis que jâai bossĂ© pour une grande chaĂźne de viandes, dâabord comme commise de salle puis serveuse. Pendant plus deux ans, un parfum nausĂ©abond Ă base de sauce barbecue, bĂ©arnaise, poivre, roquefort et Ă©chalote exhalait de mes mains. Quand je caressais mon partenaire de lâĂ©poque, jâavais lâimpression dâavoir entre les mains une poitrine de lard. Ce qui nâĂ©tait finalement pas si loin de la rĂ©alitĂ©. Oui, je lui en veux, Ă ce mexicain⊠Il a dĂ©glinguĂ© Ă jamais cet Ă©lan impĂ©tueux qu'est aimer Ă l'aveugle et cela, pour toujours.Â
đ„ Je ne crois plus au grand Amour. Dâailleurs, je ne lâai pas encore aperçu dans la vraie vie. Sur lâĂ©cran, des rĂ©alisateurs sâĂ©vertuent Ă mettre en scĂšne des coups de foudre et des Ă©bats passionnels qui, une fois consommĂ©s, se transforment en familles dysfonctionnelles. Comme eux, je ne fais que survoler lâamour sans trop lâĂ©prouver.Â
đ§ââïž Depuis que le mexicain a fracassĂ© mes illusions amoureuses, je ne me suis Ă©prise dâaucun de mes amants. Un rĂ©giment de dĂ©funtes putrĂ©fiĂ©es assure depuis la dĂ©fense de la citadelle de mon cĆur contre tout chagrin. DĂšs quâun coup le transperce, que ce soit amoureux ou pas, une silhouette Ă mon effigie se dĂ©tache de mon ĂȘtre pour rejoindre lâarmĂ©e. Je suis devenue quasi inatteignable. Seule lâamer solitude arrive Ă infiltrer le bastion.
â°ïž MalgrĂ© mes remparts, jâĂ©tais mariĂ©e pendant huit ans. Lâamour, je le survole. Je le froisse. Je le ravage. Comme une guerre froide de concessions qui nâĂ©clate pas tant que lâemprise du dominant ne transgresse pas les limites du dominĂ©. Parfois le seuil de rĂ©sistance Ă lâhumiliation est tellement Ă©levĂ© que lâon est prĂȘt Ă accepter le rejet, le dĂ©samour et la dĂ©loyautĂ© pour ne pas encaisser de dĂ©faite. Car, oui, se sĂ©parer est une sorte de deuil embaumĂ© dâĂ©chec.
đȘ Je suis en couple depuis trois ans. Le mec en question nâest pas un con. Il a compris rapidement quâil Ă©tait devant une meuf en perpĂ©tuelle reconstruction. DĂšs quâil baisse la garde, je tente la fuite : une Ă©chappĂ©e dâune semaine entre amies ou un sĂ©jour plus long Ă lâĂ©tranger. Il connaĂźt mes excĂšs. Il sait que dâun revers de main, je balaye tout ce que jâai bĂąti durant des annĂ©es. Il nâa pas le temps de me raisonner que jâai dĂ©jĂ tout rasĂ©. Alors que ça fait presque sept ans que je me dĂ©die au yoga, je lâarrĂȘte du jour au lendemain, dĂ©passĂ©e par le dogmatisme new age et la prĂ©caritĂ© new way. Face Ă la dĂ©forestation constante de mes projets, sa rĂ©ponse me dĂ©contenance : â Je suis avec toi. Fais ce que tu veux. On verra bien ce que ça donneraâ.
đ€ Avec ces mots, je pars.Â
đȘ Dans le train, j'aperçois sur le reflet de la vitre lâĂ©vanescence partielle de la ligne de dĂ©fense postĂ©e devant mon cĆur. La putrĂ©faction sâest un peu dissipĂ©e. Peut-ĂȘtre quâen amour, je peux encore me rĂ©parer. Il reste toujours lâhistoire de ma carriĂšre professionnelle Ă rĂ©gler.
â° En fin dâaprĂšs-midi, je dĂ©barque dans un village du Tyrol. Je viens faire une semaine d'essai dans une cuisine vĂ©gane en tant que commise. LâidĂ©e dâapprendre de nouvelles recettes et un peu dâallemand me rĂ©jouit. La mamie de la guest house mâaccueille avec un grand sourire qui deviendra notre seul vecteur de communication durant la semaine que je logerai chez elle.Â
âČ Le lendemain, jâarrive en cuisine. La cheffe me salue avec une lĂ©gĂšre retenue qui ne fait quâintensifier mon angoisse. Je mets ça sur le compte de ses origines alsaciennes et enfile au plus vite le tablier. Plus tard, jâapprendrai quâune connaissance commune lâavait mise en garde sur mon fort caractĂšre qui demanderait de s'accrocher. Elle nâa pas voulu balancer sa source par respect Ă la zizanie de celle qui, au lieu de mâaider Ă trouver du taff, me prĂ©fĂšre noyĂ©e dans la noirceur du chĂŽmage non rĂ©munĂ©rĂ©. Dans le mĂȘme registre, quelquâun est venu me dire que travailler avec cette cheffe pourrait se rĂ©vĂ©ler stressant. Je nâai pas voulu entendre la suite pour ne pas ĂȘtre influencĂ©e. Comme pour les films, j'Ă©vite la bande dâannonce et le synopsis. Je prĂ©fĂšre prendre le risque de me planter.
đ„© Alors quâelle me briefe, je me suis retrouvĂ©e  soudainement projetĂ©e dans l'ancien resto Ă viandes de ma mĂšre. Jâai revu lâĂ©talage de chairs sur le grill â le comble pour cette cheffe vĂ©gane activiste qui mâexplique le menu du jour. Sur les braises, ce nâĂ©tait pas des animaux qui cuisaient, mais ma mĂšre entiĂšrement grillĂ©e par lâexcĂšs de travail.Â
đĄ Un jour, vers mes huit ans, ma mĂšre a eu la brillantissime idĂ©e â de celles quâelle a toujours quand il sâagit de gagner de lâargent â dâouvrir un resto sans la moindre expĂ©rience dans ce type de business.Â
â Ăa ne peut que marcher, les employĂ©s doivent se restaurer Ă midi ! Jâai quâĂ ouvrir prĂšs dâune zone de bureaux ! sâest-elle dit.Â
đž En deux trois mouvements, elle avait hypothĂ©quĂ© lâappartement familial, le seul patrimoine du foyer. Bien sĂ»r, tout ça sans consulter mon pĂšre puisque de ses mots âCe mec nâa jamais servi Ă rien. Il ne va pas venir maintenant entraver mes projetsâ. Câest ainsi quâon sâest trouvĂ©, avec mes frĂšres, au milieu dâune guerre froide entre un pĂšre mĂ©prisĂ© â statut dĂ©gottĂ© grĂące des annĂ©es de labeur ardue en magouilleur nocturne, fortement alcoolisĂ© â et une mĂšre despote.Â
đ Quelques mois aprĂšs lâouverture, elle sâest retrouvĂ©e toute seule Ă gĂ©rer la cuisine et l'administration du resto. Par manque de moyens, elle sâest privĂ©e du chef et, par manque de rĂ©sultat, son frĂšre sâest barrĂ© alors quâil Ă©tait lâassociĂ© en charge de la gestion. Il nâavait rien Ă perdre puisque, en dehors d'avoir poussĂ© ma mĂšre Ă faire ce mauvais investissement, il nâavait fait que baptiser le resto Ă son nom. Ma mĂšre, par contre, a dĂ» se battre pour assurer lâavenir de ses enfants et rĂ©cupĂ©rer son apport.Â
đœ Au bout de quelques annĂ©es de galĂšre durant lesquelles nous n'avons bouffĂ© que des restes dâarroz con pollo matin, midi et soir, elle a fini par tout brader avant de mettre la clĂ© sous la porte. Mon pĂšre âlâalcoolo, bon rienâ avait visĂ© juste sur cette affaire de resto.Â
đ Dans le Tyrol, je viens faire mes preuves en cuisine malgrĂ© mon aversion pour la restauration. Lâhistoire de ma mĂšre nâest pas la mienne mĂȘme si en termes de galĂšres financiĂšres, nous ne sommes finalement pas si loin.
đđ»ââïž Mise en garde : je romance mon histoire. Jâextrapole mon vĂ©cu. Je me la raconte sous le registre de la confidence sans pour autant dĂ©peindre avec exactitude la rĂ©alitĂ©. Pour celleux qui sâinquiĂštent de mon dĂ©voilement, je vous rassure. Ce type d'exercice dâĂ©criture a pour rĂ©sultat une dĂ©formation de la rĂ©alitĂ© et des personnages qui y concourent. đ€·đ»ââïž
Voila tout ce que jâavais Ă vous raconter dans cette septiĂšme Ă©dition de ma newsletter.
Je suis actuellement Ă Vienne pour apprendre un peu allemand et chercher du travail.
Ce projet dâĂ©criture mâaide Ă rester optimiste malgrĂ© les moult refus de candidatures aprĂšs entretien. Je te remercie vraiment du temps que tu mâaccordes.
Hasta pronto đ
Cata,
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đœ Voici quelques sources dâinspirations de cette semaine
đ Toutes musclĂ©s une sĂ©rie documentaire sur Arte
đ La femme Ă part de Vivian Gornick
Que bueno es el tocino vegano jjaja
Me gusto mucho.
Estado: nuevamente esperando por el
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merci Cata pour tes histoires... l'email de ton nouveau texte arrive... et clic je te lis.. j'adore !